Les statistiques ne mentent pas : chaque année, des milliers d’entrepreneurs voient leur activité vaciller à cause de quelques impayés. Et derrière ces chiffres, il y a des décisions à prendre, souvent dans l’urgence, parfois sous pression. Le sujet du jour s’attaque de front à la mise en demeure et aux différentes façons de fermer une auto-entreprise lorsque les circonstances l’exigent.
La mise en demeure, qu’est-ce que c’est ?
La mise en demeure n’est pas une formalité anodine. C’est l’ultime alerte envoyée par un créancier à son débiteur pour obtenir réparation, généralement après plusieurs relances restées sans réponse. Cette démarche, prévue par la loi, sert à réclamer le paiement d’une somme due, sans pour autant forcer la main du débiteur. D’ailleurs, il n’est pas obligé de respecter lamise en demeure, même si un délai précis y figure. En pratique, cette étape s’inscrit souvent dans le parcours avant d’aller devant le juge.
La mise en demeure : comment le faire ?
Mettre en œuvre une mise en demeure suppose de respecter une méthode précise, dans un temps donné. Voici comment procéder.
La procédure à suivre
Avant toute chose, il faut s’assurer que la créance visée n’est pas prescrite. Rédigez une lettre dédiée à cette démarche. Si besoin, sollicitez un huissier pour formaliser l’envoi. Il est indispensable de pouvoir prouver que le débiteur a bien reçu le courrier, d’où l’intérêt d’un accusé de réception.
La rédaction de la lettre de mise en demeure
Rédiger une lettre de mise en demeure ne s’improvise pas. Ce document exige précision et vigilance. Il doit comporter toutes les mentions attendues dans ce type de correspondance : montant exact réclamé selon le contrat, détail des éventuels paiements déjà reçus, et, si vous voulez sécuriser le tout, l’avis d’un professionnel du recouvrement peut faire la différence.
Les mentions à mettre dans la lettre
Pour que la lettre de mise en demeure soit valide, certains éléments doivent impérativement s’y retrouver. Voici ce qu’il faut intégrer :
- La date du courrier
- Les coordonnées complètes du débiteur
- Un résumé clair du litige
- La demande de paiement
- L’indication du délai laissé au débiteur pour régulariser la situation
- Les coordonnées du créancier
- La mention explicite « mise en demeure »
- Votre signature
Si la gestion du dossier est confiée à une société spécialisée, la lettre doit également mentionner les coordonnées du chargé de recouvrement amiable, récapituler en détail la somme à payer, joindre les pièces justificatives, préciser les modalités de paiement et rappeler les textes légaux applicables.
Les délais à respecter pour la mise en demeure
La mise en demeure intervient après plusieurs tentatives de résolution amiable. Aucun délai légal n’est imposé, mais il doit rester raisonnable. Pour une action directe, un mois est généralement admis. Avant cela, multiplier les relances écrites peut aider à montrer votre volonté d’éviter le conflit. Si, malgré ces démarches, le débiteur ne s’exécute pas, la procédure formelle de mise en demeure peut être lancée, souvent pour trente jours. Une fois la somme réglée suite à ces relances, la mise en demeure n’a plus lieu d’être.
Les conséquences de la mise en demeure
La mise en demeure sert d’ultime avertissement avant le contentieux. Elle vise à obtenir le règlement, mais ouvre aussi d’autres portes : médiation, négociation, ou, si la situation reste bloquée, passage devant le tribunal. Dans les faits, elle peut conduire soit au paiement attendu, soit à une discussion pour régler le litige, soit à l’engagement d’une action en justice pour obtenir gain de cause. Si rien ne bouge, le créancier peut alors demander une injonction de payer.
La mise en demeure et la procédure d’injonction de payer
L’injonction de payer, c’est l’étape suivante si le dialogue n’aboutit pas. La mise en demeure, elle, n’oblige pas le débiteur à régler sa dette. S’il reste sourd à vos demandes, le créancier peut saisir le juge compétent, selon la nature de la dette (commerciale, civile, etc.). Pour cela, il faut fournir tous les justificatifs prouvant l’existence de la créance. Le tribunal peut alors rejeter le dossier pour pièces manquantes, accepter la demande (avec obligation de notifier le débiteur sous six mois), ou proposer un paiement partiel. Libre au créancier d’accepter ou de refuser cette proposition, en notifiant sa décision au greffe.
La contestation d’une mise en demeure
Comme tout acte juridique, la mise en demeure peut être contestée, notamment lorsqu’un désaccord oppose créancier et débiteur. Le débiteur dispose de plusieurs arguments pour s’opposer au document, que ce soit sur le fond (existence, montant ou exigibilité de la dette) ou sur la forme (présence ou absence de certaines mentions réglementaires). Si la lettre comporte une erreur ou une omission, elle peut être remise en cause. L’objection se fait généralement par courrier recommandé avec accusé de réception, ou par une discussion directe pour tenter une solution à l’amiable. Attention : si les mentions obligatoires manquent, le créancier compromet sa démarche et risque une amende pouvant atteindre 1 500 euros.
La fermeture d’une auto-entreprise
Les raisons conduisant à fermer une auto-entreprise sont multiples. Selon la situation, différentes modalités existent pour mettre un terme à l’activité tout en respectant ses obligations.
La mise en sommeil
La mise en sommeil permet de fermer son auto entreprise temporairement. Cette solution s’impose en cas de rupture de stock, d’absence d’activité ou lors d’une pause nécessaire. La démarche passe par une déclaration en ligne, puis la transmission du dossier au CFE dans le mois suivant. Cette formalité coûte autour de 100 euros. Il est aussi possible de déclarer un chiffre d’affaires nul sur la période concernée.
La cessation d’activité
La cessation d’activité consiste à informer le CFE de sa décision d’arrêter l’activité. Un formulaire dédié doit être rempli, à déposer en ligne ou par courrier postal. Cette procédure marque la fin officielle de l’entreprise individuelle.
La radiation classique
La radiation intervient lorsque l’entrepreneur décide de mettre un point final à son activité, que ce soit pour éviter la faillite, se consacrer à d’autres projets ou toute autre raison. Cette démarche marque la suppression pure et simple de l’entreprise du registre.
Le passage en société
Parfois, l’évolution d’une activité justifie un changement de statut. Passer en société signifie que l’auto-entreprise laisse place à une structure plus adaptée à la croissance ou à la collaboration avec d’autres associés. On peut choisir une société unipersonnelle, comme la SASU, ou s’entourer de partenaires. Ce changement ouvre la porte à de nouvelles perspectives.
Les obligations liées à la procédure de fermeture d’une auto-entreprise
Fermer son auto-entreprise implique de respecter plusieurs formalités : remplir le formulaire adéquat, déclarer son chiffre d’affaires dans les deux mois suivant la cessation, puis déclarer ses revenus aux impôts. Même après une radiation, il peut rester des sommes dues à la CFE. Dans certains cas, une remise peut être accordée sur demande à l’administration fiscale.
Au bout du compte, la mise en demeure reste l’arme de persuasion du créancier, quand la patience a laissé place à la fermeté. Mais son efficacité dépend d’une exécution minutieuse et irréprochable, faute de quoi la contestation n’est jamais loin. Certaines factures se règlent dans la foulée, d’autres s’invitent au tribunal. À chacun de décider jusqu’où il souhaite pousser la partie, mais dans ce jeu, la rigueur fait la différence.


